by eric/ février 1. 2014/ 0 Comments/ J'ai écrit
Rosa 2

Bepe

Crédit dessin : Christine Oudot

Maria la Vénitienne est une botaniste de génie. Par une acupuncture  appliquée aux espèces végétales, elle a créé de nouvelles plantes et des croisements floraux inconnus. Son chef-d’œuvre est la rose de Thuringe, une lourde rose bleuâtre qui jamais ne se fane et dont le parfum dure toujours.

A l’époque, je rédigeais mes quatrièmes de couvertures sous forme de sonnets (habitude que j’ai heureusement perdue)

Mémoire

Des saveurs de peau nue ont écorché ta bouche,
Et tu cherches le nom de la vénitienne
Aimée au temps jadis en quelque jardin louche.
Au bord de l’océan, sous une arche de Sienne,
Elle tourne éblouie en robe de velours,
Cherchant un masque pur dans la nuit diamantée.
Sa voix dit : « Ma blessure a resaigné, amour,
Prête cœur un instant à mes appels chantés… »

Mais la voix est d’une autre et tu ne l’entends pas.
C’est un ressac de rose, et le doux bruit des pas
Défunts mêlés avec des feuillages de lierres.

Perdue et dégrisée, au premier rayon bleu,
Écrasant sur sa lèvre une larme de feu,
Elle fuira le long du quai aux lions de pierre.

 

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