by eric/ juin 3. 2016/ 0 Comments/ Articles

Naturalarte.com

Nicostratos

 

Très jolie critique de Lis Hëldet et Jean Heffeder sur le site Naturalarte.com
http://www.naturalarte.fr/2015/10/21/eric-boisset-nicostratos-et-autres-romans/

Une île en Grèce qui sent bon les fleurs de citronnier et les pierres chaudes.

L’enfant est en train de lire « Nicostratos » de Eric Boisset. Avec avidité. En même temps c’est un choix. Après avoir lu « Le grimoire d’Arkandias », il lui fallait absolument lire ce livre du même auteur. Eric Boisset a une bio délirante, il travaillait avec son père dans la cour de chez lui, et il a tout lâché pour suivre une bohémienne qui passait par là. J’adorais cette anecdote, jusqu’à ce que je découvre qu’en fait, il raconte n’importe quoi, en même temps, de la part d’un auteur, c’est quand même la moindre des choses !

« Le grimoire d’Arkandias » est revenu sur le devant des étals grâce à la sortie du très mauvais film (pardon Eric, mais nous sommes unanimes, petits et grands, sur le sujet) qui adapte ce très agréable roman. Donc si toi ou tes enfants n’avaient pas aimés le film, vous pouvez lire le livre, ça n’a rien à voir de toute façon! Bref, Eric Boisset ayant charmé toute la famille, nous avions commandé toute affaire cessante « Nicostratos ». Dés fois, on regarde l’age donné pour les bouquins, et là, c’était 11 ans, nous nous sommes demandés si ça allait être accessible, pour l’enfant, 7 ans et des poussières.

Parce que Eric Boisset est un de ces auteurs qui sait utiliser des mots un peu soutenu mais seulement à bon escient et juste la dose qu’il faut, ces mots qu’on oublie la plupart du temps d’utiliser. Nicostratos est un de ces romans intemporels, d’une écriture fluide et soutenue, aux descriptions délicieuses, qui nous transportent ailleurs (dans le roman par exemple! certains de nos contacts de plumes défendent l’idée qu’il faut abolir les descriptions, sous prétexte que personne n’aimerait les lire.). Non seulement Eric Boisset nous emmène en Grèce, nous fait voyager, rêver de voyager, grâce aux évocation de lumières, d’odeurs, de couleurs, mais en plus il nous transporte dans un récit parfait qui gagne dans une intensité presque insoutenable, où l’émotion est sollicité jusqu’à son paroxysme.

Les premières lignes de ce roman:

  « Le jeune garçon était assis torse nu sur un ponton de bois dominant la mer et il réparait un filet dont il avait coincé quelques mailles autour de son gros orteil. il travaillait avec application, en serrant bien chaque nœud. Le fil dont il usait était fin et coupant, mais il ne craignait pas les entailles car il avait une épaisse couche de corne sur la première phalange de l’index. Parfois, il s’essuyait le front d’un revers de main, ou grattait machinalement ses courtes boucles brunes. il avait le visage halé, des yeux noirs ombragés de longs cils et une bouche aux lèvres charnues. ils portait pour tout vêtement un pantalon de pécheur usé jusqu’à la corde. Une petite crois d’or pendait à son cou au bout d’un lacet de cuir lustré par les ans.

Derrière lui, le vent faisait bruire les feuillages des citronniers qui répandaient leur odeur vers la plage. Tout en ravaudant, il écoutait leur chant, et leur contre-chant de la mer Ionienne baignant les roches volcaniques de la baie de Pélikata.

La maison qui se dressait à la lisière du bois de citronniers appartenait à son père. C’était une construction cubique badigeonnée de lait de chaux. Elle avait un toit plat destiné à recueillir les eaux de pluie et des volets d’un bleu très pale délavé de soleil, comme il est d’usage dans toutes les îles de l’archipel ionien. entre le bois de citronnier et la maison, quelques plants de tomates et d’aubergines rôtissaient parmi les herbes jaunes. Et, tout à côté de la chambre du jeune garçon, un très beau chèvrefeuille languissait contre un pan de mur à demi écroulé à l’ombre duquel une chèvre maigre dormait pour oublier sa faim. »

C’est indéniablement le roman que nous avons préférés, je ne sais pas si c’est le premier qu’il faut lire, Le grimoire d’Arkandias est peut-être plus abordable pour découvrir cet auteur.

Il faut l’intégral, de toute façon, on veut savoir la fin, je ne vois pas trop l’intérêt de la trilogie!

Au travers des histoires très bien construite, Eric Boisset tend à s’appuyer sur l’amitié forte qui noue son personnage principal, souvent un garçon avec son meilleur ami. Et là, le meilleur ami, il a cette particularité d’être d’une culture différente. Dans « Arkandias », il est antillais, dans « L’œuf du démon« , il est marocain, issu d’une famille berbère, et c’est encore une manière de nous faire voyager, et d’entrer dans d’autres cultures. Encore un point qui emporte notre totale adhésion.

On boude un peu sa trilogie avec des filles sorcières, on a peut-être tort, on y viendra probablement. Pour le moment nous allons découvrir les deux tomes « Les pierres de fumée » qu’il vient de sortir, (il va encore falloir jongler avec nos enfants lecteurs), mais on en parlera dans un article exprès. Il y en a d’autre que j’ai très envie de lire, c’est « L’étincelle d’or » ou « Les guetteurs d’Azulis».

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