by eric/ février 25. 2016/ 0 Comments/ Critique livre par livre
Nicostratos

Yannis, un jeune pêcheur grec, vit pauvrement avec son père, un homme exigeant et irascible depuis la mort de sa femme. Un jour, en échange de sa croix en or, il sauve de la mort un drôle d’oiseau et le ramène dans sa chambre à l’insu de son père. Yannis lui donne un nom magique, Nicostratos. Popa Kostas, le prêtre de l’île, découvre que c’est un oiseau rare et merveilleux, un pélican blanc qui, adulte, atteindra la taille d’un homme. Une tendre amitié se noue entre Yannis et Nicostratos. Mais le pélican grandit, devient difficile à cacher.
Quelle va être la réaction de son père en apprenant l’existence de l’oiseau et le don de la croix en or ? Yannis et son père réussiront-ils à mettre un terme à leurs relations conflictuelles et à retrouver la complicité qui les unissait ?

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Critiques

Critique de Nicostratos par Raymond Perrin sur le site « Littérature jeunesse »

http://litterature.jeunesse.over-blog.com/Nicostratos

Une langue riche et belle

« Il n’a pas suffi à Eric Boisset de se souvenir de sa propre enfance dans l’île d’Ithaque, celle du roi Ulysse, pour écrire ce roman attachant et original même s’il restitue à merveille les couleurs, les odeurs, les senteurs, les usages et la faconde méditerranéenne de ce littoral exceptionnel, toujours un peu hors du temps. Mais au-delà de l’évocation réussie d’un cadre à la fois familier et mal connu, il y a le portrait en action d’un adolescent attachant, courageux et lucide. Ce qui fait surtout la saveur de ce récit à la langue riche et belle, c’est la charge d’émotions qu’il transmet en contant au jour le jour l’amitié tendre, étonnante et parfois pleine d’humour, d’un adolescent et d’un oiseau peu banal. On suit cette évolution avec passion, depuis le jour où Nicostratos n’est qu’une maigre boule de poils pataugeant dans sa crotte par la faute d’un capitaine ivrogne jusqu’à sa métamorphose en un magnifique oiseau blanc émerveillant tous ceux qui découvrent son existence, sauf bien sûr le père du garçon, du moins jusqu’au moment où son fils aura bien besoin de lui. Alors qu’un tel récit aurait pu arracher des torrents de larme à ses lecteurs, l’auteur a su éviter toute sensiblerie mièvre en transcendant l’émotion, toujours orientée comme une force positive.
Particularités :

Ce roman mérite amplement le « Prix Jeunesse » décerné à Saint-Dié en octobre 1998. Il se pourrait bien qu’il soit- il le mérite en tout cas-, le « Crin Blanc » de la fin des années 90. »

Le « Crin Blanc » de la fin des années 90 : je signe tout de suite ! Enfin, le « Plume Blanche », disons…

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Critique de Nicostratos sur « Le blog de books-in »

http://books-in.over-blog.com/Nicostratos

Pour ceux qui douteraient encore de la qualité et de l’intérêt de la littérature jeunesse…

« Yannis, âgé de dix ans et orphelin de mère, vit seul avec son père, Démosthène, sur une petite île grecque. Mais depuis la mort de sa femme, ce pêcheur aux sombres pensées est profondément malheureux et en fait subir les conséquences à son fils. Un jour qu’il fait une commission sur un navire pour son terrible père, Yannis est ému par le sort d’un oisillon consamné à mort s’il le laisse entre les mains d’un capitaine guère plus sympathique que son père. Il sacrifie alors son unique souvenir de sa mère (sa croix en or) pour sauver celui qui va devenir son ami.

Avec ce roman plusieurs fois récompensé et qui a fait l’objet d’une adaption cinématographique réalisée par Olivier Horlait, le lecteur fait un beau voyage dans la Méditerrannée éternelle. L’esprit d’Homère navigue encore dans ces lieux. Nombreux sont en effet les passages qui renvoient à l’odyssée d’Ulysse. Mais ce ne sont pas là les seuls échos poétiques de ce magnifique texte. L’on ne peut pas lire les descriptions de la mer sans penser au Bateau Ivre de Rimbaud, les descriptions de Nicostratos sans songer à L’Albatros de Baudelaire. Le narrateur lui-même compare la tristesse de Nicostratos à celle du poète Lamartine au bord du lac du Bourget. Et pour ceux qui douteraient encore de la qualité et de l’intérêt de la littérature jeunesse, ce roman est un excellent exemple de sa richesse poétique et culturelle.

L’histoire est touchante. Les moments pathétiques alternent avec des moments comiques ou chargés d’espoir. La tendresse et l’affection que l’enfant ne trouvent pas auprès de son père, Yannis les trouve auprès de sa chèvre Ivridichi et de son pélican. Pour écrire Nicostratos, Eric Boisset s’est de fait inspiré d’une histoire vraie qu’il a lui-même vécue : alors qu’il était attablé à la terrasse d’un kafénion dans les îles Cyclades, il a vu un garçon âgé d’une douzaine d’années commander à un grand pélican et ravir toute l’assemblée des touristes en mal de photos souvenirs. On retrouve de fait cette scène dans Nicostratos. L’imagination de l’auteur s’est alors mise en marche pour offrir à son lecteur une histoire d’amitié à la vie, à la mort, qui amène de nombreuses métamorphoses et autant d’épreuves. Car devenir un homme aux yeux d’un père malheureux est un rude parcours…

Et s’il fallait mettre une note, ce serait 4,5/5. »

Homère – Baudelaire – Rimbaud : evkaristo !

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Critique de Nicostratos par Carole Beauvois sur le site « Lille III Jeunesse »

Un roman poignant

http://jeunesse.lille3.free.fr/article.php3?id_article=520

Depuis la mort de sa mère, Yannis, jeune pêcheur grec, vit seul avec son père, Démosthène, un homme sévère et exigeant. Un jour il achète un drôle d’oiseau maltraité avec sa croix en or, cadeau de sa mère, et ramène l’étrange animal dans sa chambre à l’insu de son père. Il lui donne le nom magique de « Nicostratos ». Popa Kostas, le prêtre de l’île, apprend au jeune garçon qu’il s’agit en fait d’un oiseau rare et merveilleux, un pélican blanc, et que celui-ci, à l’âge adulte, atteindra les 1,60 mètres d’envergure.

Le pélican grandit et il devient alors de plus en plus difficile pour Yannis de cacher son ami qui le suit partout, fidèle à celui qui lui a sauvé la vie.

Quelle sera la réaction du père en apprenant l’existence de Nicostratos et la disparition de la croix d’or ?

Amitié, humour, mais aussi relations père-fils difficiles

Au fil des pages on tremble quand Démosthène rentre chez lui, de peur qu’il ne découvre le pélican, et ça nous pèse de constater le silence qui s’installe entre les deux hommes. Ils ne se parlent plus, s’évitent même, et on souffre avec eux de cette atmosphère pesante, triste. Eric Boisset a réussi une analyse fine des relations entre un père et son fils.

En parallèle on rit des péripéties des deux amis, de la jalousie de la chevrette, on est émerveillé de partager leurs aventures. Nicostratos est un oiseau des plus magiques, il prend beaucoup de place dans la vie de Yannis, mais également au sein même de ce petit village marin. Les insulaires voit en l’arrivée de ce pélican blanc comme un heureux présage, seul Démosthène est d’un tout autre avis. Mais derrière son côté bourru se cache un cœur meurtri et sensible, il souffre toujours de la mort de sa femme et ne sait pas montrer ses sentiments à son fils.

L’auteur nous plonge ici au cœur même d’une île paradisiaque aux odeurs de thym et de citronniers, son écriture est si fluide qu’elle nous emporte par-delà la Méditerranée. Il utilise une véritable palette d’émotions, on passe du rire aux larmes, de l’émerveillement à l’inquiétude, sans oublier l’humour.

La lecture de Nicostratos m’a fait vivre un moment de réel bonheur, et je remercie l’auteur de m’avoir bouleversée à ce point, de m’avoir transmis de si belles images, et permis de partager l’aventure de Yannis et de pélican. L’amitié qui lie les deux compères, les paysages magnifiques qui les entourent, sans oublier les relations père-fils, c’est un roman poignant dont on ressort ému, et on regrette d’en avoir terminé la lecture, comme si leur compagnie allait nous manquer…

Un livre à lire et à relire, à partir de 11 ans.

Par Carole Beauvois

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Critique de Nicostratos sur le site « Les riches heures de Fantasia »

Une écriture vivante et fine

http://heuresdefantasia.canalblog.com/archives/2011/06/29/21475688.html

Yannis vit avec son père pêcheur, dans une île grecque isolée. Il voit peu de monde, et ne connaît l’école qu’à travers les cours au monastère du bon Papa Kostas. Son père Démosthène lui manifeste très peu d’affection depuis la disparition de sa mère et le jeune garçon se console souvent auprès de sa gentille petite chèvre. Alors, lorsqu’il croise le chemin d’un étrange oisillon maltraité par son propriétaire, Yannis n’hésite pas : il échange sa croix en or (seul souvenir de sa mère) contre le petit volatile. Et bien sûr, il le cache à son père. Tout va bien le temps de la croissance du bébé baptisé Nicostratos, beaucoup moins lorsque le pélican atteint sa taille adulte de un mètre soixante…

Soyons clairs : Nicostratos est d’abord un roman (première parution 1998), ensuite un film. Et c’est tant mieux, car on y retrouve l’écriture vivante et fine d’Eric Boisset, pas du tout parasitée par des objectifs scénaristiques. La bande-annonce nous promet ainsi un premier amour, alors qu’il n’y a pas l’ombre ni la nécessité d’ailleurs d’une fille dans le roman. Grrrr.

Alors oui, les relations et les sentiments sont ici gros comme des olives géantes, mais l’histoire respire le soleil et l’espoir. L’amitié animalière en littérature ne connaît pas la crise, quelle que soit la faune considérée. La mort de Nicostratos à la fin : non non non, on n’y croit pas une seconde, à dix ans comme à quarante. N’empêche qu’on tire quand même sa petite larme, et qu’on se prend d’une grande empathie pour le jeune Yannis.

Il est curieux ce héros raconté par un narrateur externe, évoluant complètement en marge de la société et des lois (l’école ??), gonflé d’amour pour la nature et les animaux et semblant s’en contenter parfaitement. L’intrigue montrera peu à peu un Yannis tout sauf asocial, à qui le contact du jeune Périclès venu de la ville fait le plus grand bien. Au passage, le lecteur découvre la Grèce pauvre, religieuse, rongée par le sel d’une mer qui la nourrit.

Démosthène restera le plus grand défi du petit héros, homme meurtri par la mort de sa femme et incapable de montrer ses sentiments, voguant d’un verre de raki à la vente de sa pêche. Là, je dois dire, je n’aurais pas vu une autre tête pour le jouer que celle d’un Emir Kusturica abrupt et démesuré.

Si vous pensez que Nicostratos a son rôle à jouer dans le rapprochement du père et du fils, vous avez tout compris, mais ça ne vous empêche pas de feuilleter ce joli roman de bord de mer, à la fois envers de carte postale et variation familiale juste. Quant au film… de toute façon Fantasia a peur des grands becs.

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